Dans l’attente des premiers migrateurs de la cohorte de retour 2025, nous dressons un bilan des effectifs de géniteurs observés en 2024 au niveau de nos stations de contrôle des migrations. Pour le Saumon atlantique, la Truite de mer et la Lamproie marine, ce bilan apparaît malheureusement encore pire que le précédent déjà qualifié de « catastrophique ». Seule la grande Alose (sur certains axes) vient apporter une petite touche positive à cet état des lieux…

Comme annoncé dans nos bilans précédents, la cohorte de géniteurs de Saumon atlantique de retour en 2024 s’avère « catastrophique » sur la totalité des rivières du Bassin. Le seuil symbolique des 1 000 Saumons, qui n’avait pas été atteint pour la toute première fois en 2023 sur le Gave d’Oloron, n’est cette fois même pas atteint pour l’ensemble du Bassin des Gaves ! On dénombre ainsi :

  • 520 Saumons seulement à Masseys sur le Gave d’Oloron soit – 67,7 % par rapport à la moyenne des observations précédentes (1 609 individus ; 2011-2023), – 27,3 % par rapport au minimum enregistré l’année dernière (715 individus en 2023) et – 52,1 % par rapport au minimum historique précédent (1 085 individus en 2013) !
  • 201 Saumons seulement à Charritte sur le Saison soit – 70,1 % par rapport à la moyenne des observations précédentes (671 individus ; 2015-2023), – 33,2 % par rapport au minimum enregistré l’année dernière (301 individus en 2023) et – 60,3 % par rapport au minimum historique précédent (506 individus en 2021) !
  • 269 Saumons seulement à Artix sur le Gave de Pau soit – 64,8 % par rapport à la moyenne des observations récentes précédentes (765 individus ; 2013-2023) et il faut remonter à 2009, une autre époque du Plan de Restauration de l’espèce sur cet axe, pour trouver trace d’une population aussi faible !

Dans le détail, la très faible cohorte de castillons 2023 (inattendue initialement puisque majoritairement issue du recrutement « moyen » en juvéniles de l’automne 2021) se traduit logiquement en 2024 par de faibles retours de PHM.

Comme attendu, compte tenu de la très forte chute des survies en mer observée ces 3 dernières années d’une part (en particulier pour cette catégorie de poissons) et du très faible recrutement en juvéniles de l’automne 2022 d’autre part, les castillons (ou 1HM) sont quasiment absents des rivières du bassin : seulement 38 individus à Masseys, 27 à Charritte et 29 à Artix soit moins de 100 castillons au total sur l’ensemble du Bassin des Gaves ! Composés très majoritairement de mâles (à l’inverse des PHM), leur absence quasi-totale pourrait bien créer une situation très inhabituelle de carence en gamètes mâles sur certaines zones de frayères !

Après 2022 et 2023, il s’agit désormais de la troisième année consécutive de très faibles retours de castillons qui devrait en principe déboucher en 2025 sur une troisième année consécutive de faibles retours de PHM. Majoritairement issue du mauvais recrutement en juvéniles d’automne 2022, cette cohorte de PHM 2025 pourrait même être particulièrement faible et ce, malgré l’interdiction de tout prélèvement en estuaire et en eau douce pour la saison à venir. Ces mauvais résultats enregistrés sur la durée d’un cycle de vie complet de l’espèce sont particulièrement inquiétants pour les prochaines années.

Le bilan est tout aussi négatif pour la Truite de mer dont les effectifs sont partout et pour la 2ème année consécutive largement inférieurs aux minimas historiques précédents. Leurs effectifs passent pour la toute première fois très largement en-dessous de la barre symbolique des 1 000 individus observés sur le Gave d’Oloron mais aussi sur l’ensemble du Bassin des Gaves :

  • 600 Truites de mer seulement à Masseys sur le Gave d’Oloron soit – 73,4 % par rapport à la moyenne des observations précédentes (2 260 individus ; 2011-2023), – 52,5 % par rapport au minimum enregistré l’année dernière (1 262 individus en 2023) et – 58,5 % par rapport au minimum historique précédent (1 447 individus en 2011)
  • 151 Truites de mer seulement à Charritte sur le Saison soit – 54,0 % par rapport à la moyenne des observations précédentes (328 individus ; 2015-2023), – 18,8 % par rapport au minimum enregistré l’année dernière (186 individus en 2023) et – 40,1 % par rapport au minimum historique précédent (252 individus en 2020)
  • 43 Truites de mer seulement à Artix sur le Gave de Pau soit – 78,3 % par rapport à la moyenne des observations récentes précédentes (198 individus ; 2013-2023) et il faut remonter à 2006 pour trouver trace d’une population aussi faible !

Les très mauvais résultats observés pour cette espèce semblent nous indiquer que les causes d’origine marine inconnue qui affectent les populations de Saumon du Bassin comme de tout l’Atlantique Nord impactent aussi très fortement la survie des Truites de mer du bassin des Gaves (dont les zones géographiques de grossissement sont pourtant différentes).

Pour la Lamproie marine, le bilan est aussi très négatif avec des abondances très faibles sur la totalité des cours d’eau étudiés :

  • 369 Lamproies marines à Masseys sur le Gave d’Oloron, très loin des records établis en

    2012 (11 220 individus soit -96,7 %) et de la moyenne des années précédentes (2 938 individus soit – 87,4 %) mais malgré tout très légèrement supérieur au minimum historique (326 en 2021)

  • 1 Lamproie marine seulement à Charritte sur le Saison soit 265 individus de moins que la moyenne (266) et 24 individus de moins que le minimum historique (25 en 2021) !
  • 2 Lamproies marines seulement à Castetarbe sur le Gave de Pau soit 199 individus de moins que la moyenne (201), 5 individus de moins que le minimum établi l’année dernière (7) et 40 individus de moins que le minimum historique précédent (42 en 2019) !

A noter en complément que le suivi de la reproduction de l’espèce réalisé sur les cours d’eau de la « Tranche 3 » que sont l’Adour, ses affluents Rive Droite (Midouze, Midour, Douze, Arros, Estrigon, Estampon, Bès, Luzou, Ludon, Retjons et Gouaneyre) ainsi que les Lèes et le Larcis en Rive Gauche n’a permis, pour la toute première fois, la découverte d’absolument aucun nid…

Comme l’année précédente, le seul point positif de ce bilan des migrations provient de la grande Alose dont les effectifs sont, sur certains axes (à nouveau sur le Gave d’Oloron et le Saison mais pas sur le Gave de Pau), légèrement supérieurs à la moyenne des observations précédentes sans atteindre les records de 2023 toutefois :

  • 624 Aloses à Masseys sur le Gave d’Oloron soit + 70,6 % par rapport à la moyenne des observations précédentes (366 individus ; 2011-2023) mais – 69,5 % en comparaison du record établi l’année dernière (2 043 individus en 2023)
  • 58 Aloses à Charritte sur le Saison soit + 17,6 % par rapport à la moyenne des observations précédentes (49 individus ; 2015-2023) mais – 69,0 % en comparaison du record établi l’année dernière (187 individus en 2023)
  • 1 189 Aloses à Castetarbe sur le Gave de Pau soit, à l’inverse, – 22,7 % par rapport à la moyenne des observations récentes précédentes (1 538 individus ; 2017-2023) mais + 51,1 % en comparaison du minimum historique (787 individus en 2022).
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